Des métiers dans l’ombre du théâtre, de Mia Bélanger

L’idée de métiers du théâtre !

Le théâtre, un art si exaltant et passionnant pour énormément de personnes dans le monde. Au Québec, nous avons la chance d’avoir plusieurs excellents théâtres, dont le Trident. Plusieurs visiteurs de ce grand et vaste lieu affirment que ce théâtre présente des pièces qui peuvent vous faire vivre une gamme d’émotions. L’éveil du printemps, N’essuie jamais de larmes sans gants et Quinze façons de te retrouver sont des pièces qui y ont été jouées récemment. Incroyablement bien interprétés par les comédiens, car ceux-ci se téléportent dans l’esprit des personnages pour leur donner vie. Lorsque nous allons voir une pièce de théâtre, nous commençons toujours par dire ce type de phrase « Les comédiens étaient époustouflants ! ». Le très bon travail des comédiens compte pour beaucoup, mais ils travaillent avec toute une équipe. Dans le domaine du théâtre, il est crucial et essentiel de parler des autres personnes qui y travaillent. Cet article sera composé de deux parties, les métiers du théâtre souvent méconnus, qui se retrouvent souvent dans l’ombre, ainsi que des interviews de personnes qui témoignent de leurs métiers.

Réfléchir aux costumes

Pour commencer, découvrons une personne qui doit être en mesure de très bien exécuter son rôle pour qu’une pièce de théâtre soit réussie: cette personne est le ou la costumière. Le ou la costumière choisit les costumes qui reflètent et démontrent avec une grande perfection la psychologie et le style des personnages d’une pièce. Peut-être avons-nous l’habitude de penser que les costumes ne font pas partie d’aspects réfléchis importants, pourtant c’est grâce aux costumes que les comédiens s’adapteront à incarner leurs personnages sur scène : les costumes s’adaptent et reflètent les émotions et les multiples personnalités des personnages. Pour accomplir cette tâche, le ou la costumière effectue une recherche dans plusieurs magasins de vêtements ou dans des penderies et si le costume ne s’y trouve pas, celui-ci devra être complètement créé et fabriqué. Donc, la personne qui s’occupe des costumes doit avoir les compétences et le talent pour la fabrication de vêtements. Aussi, avant de choisir les costumes, cette personne doit faire plusieurs croquis des personnages les imaginant portant leurs costumes afin qu’ils reflètent leurs personnalités à la perfection. Si nous prenons l’exemple de costumes de la pièce de théâtre « N’essuie jamais de larmes sans gants», une pièce de théâtre qui fait ressortir des moments très difficiles vécus par des personnes ayant le SIDA et qui dénonce des préjugés envers les homosexuels, la costumière, Émily Walhman, avait dessiné des croquis qui représentent les personnages principaux. Le costume du comédien qui incarne le personnage de Paul représente bien sa personnalité : il est jovial, très démonstratif et n’a pas peur de montrer sa personnalité aux autres. La costumière avait choisi des costumes colorés et extravagants qui mettaient l’accent sur le personnage de Paul.  Donc, nous pouvons percevoir que le ou la costumière possède plus que du talent, mais a aussi un rôle très important dans la mise en œuvre d’une pièce de théâtre, car cette personne doit faire ressortir la personnalité des personnages.

Donner vie à la pièce

En second, la deuxième personne qui exerce un métier du théâtre que je trouve très important et crucial à mentionner est l’auteur. Sans l’auteur(e), la pièce ne pourrait simplement pas être créée et réalisée. Cette personne a pour but d’écrire une pièce de théâtre qui fera vibrer les spectateurs de joie, de tristesse, de drôleries et même dans certains moments, de haine et de colère. Il ou elle doit créer et rédiger les répliques, les didascalies interprétées par les comédiens, qui ont pour rôle de transmettre aux spectateurs une panoplie d’émotions. Pour commencer l’écriture d’une pièce, l’auteur écrit ses idées et le processus de création débute. Alors, il y a des auteurs capables d’écrire une multitude de pièces de théâtre sans aucun référent. Ce type d’auteur est plus rare au théâtre, mais il y en existe quelques-uns. Ces auteurs vont souvent écrire la pièce et voir s’il ne pourrait pas y faire des petits ajustements pour que la pièce soit parfaite. Il y a des auteurs qui vont vouloir redonner une autre vie à une œuvre du passé, ceux-ci vont effectuer des recherches et s’informer pour trouver d’anciennes pièces qui ont soit été oubliées ou encore de vieux romans qui avaient fait leurs apparitions dans le passé. Par exemple, si nous prenons l’auteur qui a écrit la pièce de théâtre « L’éveil du printemps », une adaptation d’une œuvre qui avait été annulée en raison de la nature de la pièce. Elle montrait des mots, du langage «trop» sexuel et les relations présentées étaient une honte selon les gens de l’époque. La pièce avait été annulée et effacée. David Paquet, auteur, est allé chercher cette œuvre qui était « enterré » dans les ruines du passé. Ce dramaturge, qui a un don pour l’adaptation et l’écriture de pièces, a décidé de reprendre cette pièce de théâtre qui avait été créée et rédigé en 1891. Le dramaturge voulait en faire une adaptation : la rendre un peu plus actuelle pour tous les adolescents d’aujourd’hui. Conséquemment, le métier d’auteur(e) peut demander plusieurs étapes de réflexions et de recherches en plus d’avoir le pouvoir de donner ou de redonner vie aux œuvres et aux pièces de théâtres.

Orchestrer la pièce

En troisième, une personne occupe le rôle de diriger un peu tous les comédiens et l’équipe au grand complet, et cela, pour que tout soit parfait. Cette personne est évidemment la ou le metteur en scène. Cette personne est comme un chef d’orchestre pour les comédiens, le directeur artistique, l’équipe de production, l’assistance à la mise en scène et toute l’équipe qui s’occupe des costumes, de l’éclairage, de la scénographie, des maquillages et des équipes de production et de construction des décors. La ou le metteur en scène a pour grande tâche de réfléchir et de décider de l’emplacement des décors, des éclairages, de la position des comédiens dans l’espace de la scène. Aussi, ce « chef d’orchestre » doit être en mesure de dire aux comédiens quelles seraient les meilleures idées pour traduire des émotions ou des mouvements pour que l’incarnation du personnage soit fantastique, réaliste et selon ce que la pièce veut exprimer. C’est celui-ci ou celle-ci qui prendra la décision de la position des décors et des accessoires ou encore d’ajouter des éléments plus naturels comme de l’eau, du sable ou encore de la terre. Le ou la metteuse en scène est une des personnes qui connait le mieux l’histoire de la pièce de théâtre. Si nous prenons en exemple la pièce Quinze façons de te retrouver, la metteuse en scène, Maryse Lapierre, elle a eu l’idée de ne pas mettre beaucoup de décors dans cette pièce, mais qui laisse place aux souvenirs. Elle a organisé la scène pour que le décor soit quasiment toujours le même : le lieu d’enfance d’Anne-Marie Olivier qui symbolise la ferme ou la grange familiale. La metteuse en scène a aussi choisi quelques accessoires qui symbolisent la vie d’Anne-Marie Olivier et ses multiples souvenirs de la ferme de lorsqu’elle était une petite fille ou encore une jeune adolescente. Cette talentueuse metteuse en scène a aussi ajouté un élément important de la nature et qui est très symbolique et représentatif du déroulement de la pièce : la terre. Au début de la pièce, je ne comprenais pas la signification de la terre, mais quand la comédienne a commencé à déterrer des objets de la terre, j’ai tout de suite compris que celle-ci tentait de déterrer des souvenirs de sa vie qu’elle a vécu. Avec des décors discrets, Maryse Lapierre, la metteuse en scène, a magnifiquement bien exécuté son rôle puisque tous les souvenirs étaient véhiculés par différents éléments présents sur la scène. Ainsi, la mise en scène est un métier exigeant puisque la personne qui occupe ce rôle doit orchestrer toutes les personnes impliquées dans une pièce de théâtre.

Des témoignages

Pour finir ce texte qui explique les métiers dans l’ombre du théâtre qui sont passionnant et fantastique, nous allons analyser certains interviews ou témoignages que j’ai fait depuis quelque temps. Lors de mes entretiens, j’ai posé trois questions à chaque personne.

Direction technique
Pour débuter, j’ai rencontré Julie Touchette qui fait partie de l’équipe de la direction technique au Trident. Je lui ai d’abord demandé de me partager un aspect méconnu de son métier. Madame Touchette m’a répondu que l’aspect méconnu de son métier c’est l’ensemble du métier. Son métier consiste à faire la construction de décors et le montage de ceux-ci, ensuite il y a la coordination. Julie Touchette doit rendre les grands décors et le matériel sécuritaire pour assurer la sécurité de tous les comédiens. Pour faire ce métier, la personne doit être très polyvalente et savoir tout faire.Commedeuxième question, je lui ai demandé si le fait de ne pas être sur scène avec les comédiens la dérangeait et sa réponse m’a énormément étonnée. Elle m’a dit que ça ne la dérangeait pas du tout et que même ça l’arrangeait parce que celle-ci est un peu trop gênée. Enfin, comme troisième question, je lui ai demandé quels étaient les aspects qu’elle aimait vraiment et ceux qu’elle détestait le plus de son métier à la direction technique. Elle a tout de suite dit ce qu’elle aimait, parce qu’elle adore vraiment son métier. Les aspects qu’elle préfère sont les nouveaux défis qui s’imposent tout au long de la création, le fait qu’il n’y a jamais de routine redondante et que rien n’est fait de la même façon. Ce qu’elle déteste, c’est lorsque le temps manque parce que cela lui procure un grand stress et la gestion de l’environnement (lorsque les spectacles sont finis, ils doivent trouver un moyen de recycler les décors).

Assistante à la mise en scène
Ensuite, j’ai rencontré Élizabeth Cordeaux Rancourt, l’assistante à la mise en scène de la pièce de théâtre N’essuie jamais de larmes sans gants. Pour la première question (Quels aspects de son métier étaient méconnus ?), elle m’a répondu la même chose que madame Julie Touchette : l’aspect méconnu de son métier, c’est le métier dans son ensemble, puisqu’elle aide vraiment la ou le metteur en scène. Elle m’expliquait qu’il y a une grande partie d’entraide et de travail d’équipe. Pour ce métier, il faut savoir collaborer, partager et travailler en équipe. La ou le metteur en scène et l’assistante à la mise en scène doivent souvent avoir la même vision pour que la pièce de théâtre soit réussie. Madame Cordeaux Rancourt doit aussi donner son point de vue et couper des répliques lorsque la pièce de théâtre est d’une durée trop longue. Par exemple, si la pièce N’essuie jamais de larmes sans gants n’avait eu des moments coupés, celle-ci auraient duré quatre heures. Elle m’explique qu’elle est aussi comme une « maman » pour les comédiens : elle leur rappelle de ne pas oublier leurs accessoires et leurs costumes  ou s’ils ne mangent pas assez avant les spectacles, elle leur donne quelque chose à manger. À la deuxième question (Est-ce que le fait de ne pas être sur scène avec les comédiens la dérangeait ?), madame Cordeaux Rancourt m’a répondu que ça ne la dérangeait pas du tout, car elle aime mieux être à l’assistance à la mise en scène et elle m’a mentionné qu’elle avait vraiment une grande admiration pour les comédiens. Ce qu’elle aime de son travail, c’est le fait d’apporter des solutions aux problèmes qui surviennent lors de la création de la pièce de théâtre. Dans la pièce, N’essuie jamais de larmes sans gants, le metteur en scène, Alexandre Fecteau, avait décidé de faire tomber de la fausse neige. Cette tombée de neige soudaine s’est révélée être une très bonne idée. Malheureusement, la fabrication et la nature de cette fausse neige réaliste faisaient que le sol devenait énormément glissant et dangereux pour les comédiens. Madame Cordeaux Rancourt devait donc trouver une solution pour régler ce problème. En revanche, il y a quelques aspects qu’elle aime moins de son métier, comme la fabrication des horaires : organiser l’horaire des journées de répétitions, l’horaire de présentations des pièces, le changement d’horaire lorsque des comédiens ne peuvent pas venir jouer ou faire les répétitions. Pour finir, elle tenait à nous dire qu’elle se trouve vraiment chanceuse de pouvoir exécuter ce métier. 

Musicienne
En dernier, j’ai rencontré Anne-Marie Bernard, musicienne. Elle jouait au piano la musique si touchante et romantique de la pièce N’essuie jamais de larmes sans gants. Pour la première question (Quels aspects de son métier étaient méconnus?), elle m’a répondu que dans ce métier il n’y a pas de hasard et pas plus d’improvisation. Ce métier est un travail de précision qui ne possède pas de hasard. Lors des répétitions de N’essuie jamais de larmes sans gants, lorsqu’elle pianotait des touches de piano pour créer une mélodie merveilleuse et triste à la fois, le comédien, Samuel (interprétant le personnage de Reine), était en parfaite harmonie avec la mélodie, car le comédien connaissait les partitions de la musicienne et celle-ci connaissait aussi les répliques du personnage afin d’arriver à jouer exactement le bon rythme : la musique devait traduire l’émotion incarnée par Reine. À la deuxième question (Est-ce que le fait de ne pas être sur scène avec les comédiens la dérangeait ?), madame Bernard m’a répondu que ça ne la dérangeait pas du tout, parce qu’elle aime mieux jouer d’un instrument et ne trouve pas sa place dans l’art d’incarner un personnage et jouer ses émotions, elle aime mieux les décrire et accompagner un chanteur, un narrateur ou un comédien avec la musique. À la troisième question (les aspects qu’elle aimait vraiment et ceux qu’elle détestait le plus de son métier), elle m’a répondu qu’elle adorait et appréciait grandement les laboratoires avant les répétitions. Ces répétitions servent à essayer de nouvelles choses qui pourraient être ajoutées à la pièce. Elle aime travailler à trouver le bon « timing », comme avec le comédien Samuel. Aussi, elle m’a dit vraiment aimer le travail avec les comédiens : les ajustements avec la musique qui devient de plus en plus précise.  Ce qu’elle aime un peu moins, c’est les personnes qui sont parfois en retard, car cela fait perdre du temps pour la création complète du spectacle.

Des métiers qui sortent de l’ombre

Pour conclure ces découvertes au sujet des métiers du théâtre, dans ce milieu artistique, tous ont un rôle important à jouer. Aussi, il y a plus de personnes qui pratiquent des métiers hors de la scène que de personnes présentes sur la scène en tant que comédiens et ces personnes aiment mieux ne pas être sur la scène, mais participer à la création d’une pièce. Dans cet article, six métiers ont été présentés, mais plusieurs autres personnes ont des rôles très importants et ceux-ci font qu’une pièce de théâtre est réussie. Je vous invite à aller vous informer sur tous ces autres merveilleux métiers, parce qu’ils sont aussi cruciaux pour la production d’une pièce de théâtre inoubliable.