LE MOT D’OLIVIER ARTEAU ET DE MARC-ANTOINE MALO

Crédit photo: Stéphane Bourgeois

On s’est rencontré il y a de cela 8 mois. 

246 jours pour réunir près de 100 artistes à l’élaboration de 6 expériences scéniques.

Et on s’est mis, dès le premier jour, à fantasmer sur une aire de jeu, un espace fertile pour de nouvelles idées, de nouvelles paroles, de nouvelles manières de se raconter et à lutter collectivement contre l’isolement des dernières années.

On a introduit rapidement une directrice d’intimité, un adjoint administratif, deux dramaturges, une physiothérapeute pour parfaire notre nouveau mandat, celui de mettre en scène des oeuvres phares : des essais qui nous éclairent, des mythes qui traduisent nos failles, des romans qui élucident les angles morts d’aujourd’hui. Nous avions un besoin pressant de voir la maison se remplir de nouvelles têtes chercheuses et de renouveler les adeptes du 6e art par des propositions aux frontières de la danse, de l’autofiction, de l’essai, du manifeste et du happening

Rien n’est indéniable. Ni la crise climatique, ni l’extrême polarisation, ni la perte de la biodiversité, ni l’individualisme, ni l’accablante détresse psychologique… Puisque rien n’est plus traître qu’une certitude, on a tâché de concocter une saison insaisissable, ni dans sa forme, ni dans ses esthétiques ou dans les idées véhiculées. Il fallait douter de tout en embrassant nos paradoxes et nos incertitudes.

Le théâtre est l’un des derniers lieux à imposer un rituel : nous abdiquons volontairement à toute forme de technologie durant plusieurs heures, nous acceptons de nous taire pour mieux entendre, nous apprivoisons la présence d’inconnus à quelques centimètres de notre peau et nous plongeons, souvent sans trop connaître ce qui se déploiera devant nos yeux, dans un univers qui saura nous surprendre et nous saisir. C’est un espace à préserver. Un lieu où inviter son beau-frère qu’on connait moins, sa voisine à qui l’on ne parle pas assez ou ses grands-parents qui sortent trop peu. Il faut s’inviter à partager ensemble ce moment précieux d’où l’on sortira avec plus de questions que de réponses. 

Nous souhaitons vous convier, pour la prochaine année, à accepter que chaque geste artistique soit une hypothèse, une proposition, une expérience qui souhaite manifester chez vous, de nouvelles idées, de nouveaux élans, mais surtout de nouvelles manières d’entrer en relation. 

Bienvenue chez vous!

Olivier et Marc-Antoine